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Installation de Christophe Mert
10 mai/9 h 00 min - 31 juillet/18 h 00 min

HUMATERRENITE
« Chaque présent a son passé, nécessaire à son avenir et l’humaterrenité »
L’Humaterrenité est une quête.
Après avoir replacé la Martinique au cœur des Caraïbes et du monde (lors de son projet MarCaraïMon), après avoir suivi les TRAS des ancêtres tutélaires (Tous Rassemblés An-nou Solidaires), le plasticien martiniquais Christophe Mert met désormais son art au service de l’Humaterrenité.
C’est d’abord dans les profondeurs de la cale du navire négrier qu’il s’installe, en quête des visages de ceux que la traite et l’esclavage ont déshumanisé. Dans de vulgaires cageots, métaphores de la marchandise à laquelle ces hommes, femmes et enfants ont été réduits, il peint des vies-âges, pour témoigner de vies sans âge. Avec leurs yeux grands ouverts, ils composent l’impossible photo de famille des afro-descendants des Caraïbes et des Amériques. Une photo aux tons sépia, plutôt que noir et blanc…
Mais c’est aussi dans la cale que Christophe Mert puise l’humus de l’humaterrenité, ce fertilisant de l’esprit et de l’âme. Tout comme les esclavisés y ont été déconstruits, il y déstructure pièce à pièce les cageots de récupération pour construire un support nouveau, qui permettra l’éclosion de l’Humaterrenité. Disposant les lattes à la verticale, comme des traces versées (celles du sang, des larmes et de la sueur), il les agrafe face à face, dos à dos. Sur l’irrégularité de cette surface, il cherche à équilibrer corps, âme et esprit.
Une pluie de couleurs peut alors ensemencer cette humaterrenité. Mis en regard, les deux tableaux forment alors un couple matriciel : celui de gauche, à dominance bleue, symbolise la connaissance et le savoir ; celui de droite, à dominance rouge, symbolise la force et la dignité. Avec eux, tout peut recommencer.
Tel est le pouvoir de l’humaterrenité : prendre appui sur le passé et forcer la métamorphose (dans le présent), pour que dans l’avenir de vraies retrouvailles puissent avoir lieu. Et l’on pense alors au chant de Paul Eluard :
« Hommes réels pour qui le désespoir
Alimente le feu dévorant de l’espoir
Ouvrons ensemble le dernier bourgeon de l’avenir »
L’Humaterrenité est une quête… qui nous concerne tous !
Laurent Vidal
Président du Centre Intermondes
Ethnopôle Humanités océanes
En partenariat avec les musées d’Art et d’Histoire de La Rochelle et le musée de la Pagerie en Martinique.